Avec la disparition de Robert, se creuse encore plus le grand vide parmi celles et ceux qui, avec lui, à peine sortis de l’adolescence, décidèrent de combattre l’occupant nazi.
Fils d’immigré, juif, communiste, Français, il était un homme de courage, ce qu’il a montré tout au long de sa vie, un homme de fidélité aux valeurs fondamentales de sa jeunesse, un homme digne. Nous sommes fiers d’avoir été de ses amis. n Claudie Bassi-Lederman ( texte intégral)
les obsèques de Robert Endeweldt, crématorium du Père Lachaise
Hommage de Claudie Bassi-Lederman pour MRJ-MOI
Chers amis,
Avec la disparition de Robert, se creuse encore plus le grand vide parmi celles et ceux qui, avec lui, à peine sortis de l’adolescence, décidèrent de combattre l’occupant nazi.
Notre film « Nous étions des combattants » réalisé à partir d’interviews dont celle de Robert, bien évidemment, retrace le combat de ces très jeunes résistants, juifs communistes, qui avaient entre 15 et 18 ans lors de l’Occupation.
L’Occupation allemande et le statut des Juifs promulgué par Vichy allaient conduire aux tragédies que l’on connaît. Dans notre film, Robert rappelle que c’est Pétain qui les a communautarisés avec le Statut des Juifs, et il le répétait souvent. Communistes et juifs, ces jeunes patriotes allaient devoir mener le combat sur deux fronts. L’engagement particulier dans la section juive de la MOI, afin de regrouper les jeunes de l’immigration s’imposait donc du fait des circonstances, dès l’été 1940.
« On ne dira jamais assez » a écrit Robert « combien ce combat mené par la section juive de la MOI a été un facteur considérable dans le sauvetage d’une population exposée à l’extermination mais aussi, et en même temps, combien il permit à nombre de combattants issus de cette immigration de se battre et de participer à la Résistance nationale. Solidarité et Résistance se sont confondues dans un même combat ».
Malgré notre grande envie, nous ne pouvons évoquer tous les mérites de Robert. Nous ne pouvons rappeler ici tout son apport à notre association dans notre travail de mémoire pour notre film, pour notre musée virtuel mais nous nous souvenons de tant de moments, enrichissants, profonds, joyeux.
Nous nous souvenons avec fierté du très long combat, plus de deux ans, mené avec Julien Lauprêtre, pour l’attribution de la Légion d’Honneur à Robert. On nous disait que malgré des recherches minutieuses dans les archives, il n’était pas possible d’identifier Monsieur Endewelt parmi les membres homologués des différentes familles de la Résistance et ce, alors que Robert possédait depuis de nombreuses années une attestation du secrétariat aux Anciens Combattants qui avait reconnu ses mérites et lui avait attribué la carte du Combattant Volontaire de la Résistance, la carte du Combattant et la retraite du Combattant.
Cette Légion d’Honneur, Robert tenait absolument que sa grande amie Paulette Sarcey la lui épingle. « Je tenais à ce que ce soit elle » a-t-il souligné « que ce soit elle qui me remette cet insigne, je la considère en effet comme une des grandes figures de notre mouvement de Résistance et une solide amitié nous lie par ce passé commun ». Paulette ne pouvant se déplacer, la cérémonie a eu lieu chez elle en présence de quelques-uns d’entre nous. Ce moment, ô combien émouvant, a été filmé et le jour de la fête, le 24 juin 2017, nous l’avons projeté rue de Paradis, siège de nos trois associations UJRE, AACCE et MRJ-MOI.
Voici maintenant quelques extraits du discours de Robert, lors de ce moment festif. C’est Robert qui parle : « Je voudrais dire un mot sur le choix du lieu de cette réception. MRJ-MOI l’avait souhaité bien naturellement et c’était mon désir aussi malgré l’exiguïté du lieu. Je suis un ancien résistant de la MOI… … Ce 14 rue de Paradis est un lieu d’Histoire et de Mémoire. C’est de cette Histoire que sont issus tant de combattants pendant la guerre. J’ai eu l’honneur d’en faire partie… » Et il ajoutait : « C’est par cette branche de la MOI (section juive) que nous nous sommes engagés dans la Résistance nationale avec ce double objectif : agir pour la France, notre pays, et nous opposer par tous les moyens au projet d’extermination qui allait s’abattre sur nos familles. Comment ne pas être marqué par ce passé à la fois tragique et glorieux… ». Et il concluait : « Nous vivons aujourd’hui une époque où les valeurs pour lesquelles nous nous sommes battus sont plus que jamais à défendre et où l’esprit de Résistance est toujours nécessaire… ».
Chers amis, j’ai dit que nous n’avions pas le temps d’évoquer ici tous les mérites de Robert, ce « mensch » à la voix posée, au regard bon, clair et malicieux. Fils d’immigré, juif, communiste, Français, il était un homme de courage, ce qu’il a montré tout au long de sa vie, un homme de fidélité aux valeurs fondamentales de sa jeunesse, un homme digne. Nous sommes fiers d’avoir été de ses amis. n
Claudie Bassi-Lederman
25 octobre 2018